En avril ce sont deux instrumentaux, « Madagascar » (clin d'œil au peuple malgache, signé André Shore) et « Swingova » (du bassiste Jean Huysmans), qui sont publiés. Bien que très entraînants et joués de manière magistrale, ces deux morceaux n'ont pas les faveurs du public. Ces quatre derniers titres sont repris sur un EP belge.
Lentement, la jeunesse se désintéresse du groupe en portant sa préférence à la vague yéyé française et aux formations d'outre-manche. Dans cet ordre d'idée, le quatuor retourne en studio pour un simple qui paraît en juin. Il contient en anglais « New Orléans » (de Gary US Bonds, déjà repris par Johnny Hallyday en 1961) et « Tell Me When » (des Applejacks, chanté en français par Claude François sous le titre « Dis-Moi Quand »).
La pochette est ornée d'une photo en noir et blanc des quatre compères coiffés du bonnet à poils de la garde royale londonienne. Ces deux rocks en anglais sont repris un peu plus tard sur un super 45 tours belge intitulé « The Cousins In London », auxquels sont ajoutés « Anything At AH » (de Guido et André Van den Meersschaut) et « A Girl Named Sue » (de Geoff Stephens). La photo présente la formation, toujours coiffée du même bonnet, au dessus du drapeau de l'Union Jack. Malgré cette belle pochette et son précieux contenu, très beat, c'est un bide au point de vue ventes.
Puis le groupe joue sur le podium installé au stade du Heysel à Bruxelles, qu'il partage avec Adamo, Robert Cogoï, Will Tura, etc. pour la Fête du Centenaire de la Croix-Rouge. Ils y remportent un franc succès devant une importante audience, dont le couple princier (futurs roi et reine des Belges). Le 1er juillet, ils sont à l'affiche du cinquième anniversaire du club Les Cousins, avec Luigi, Ariane & Les 10/20.
Durant l'été 1964, ils jouent dans diverses villes de la côte belge pour le célèbre De Gouden Micro (le pendant flamand du Micro d'Or, concours de groupes amateurs) avec les Shakespears, Luigi et Liliane Saint-Pierre. Pour les fêtes bavaroises se déroulant sous un chapiteau de 3 000 places, à Waimes, ils sont les vedettes avec Dick Rivers le samedi 8 août et avec André Brasseur et son trio le lendemain. Ils font les Casinos d'Ostende (avec John Larry, Ricky Morvan &The Fens, les Cosys) le 17 août et de Blankenberghe le 25 août.
Le dimanche 30 août, ils sont à nouveau avec Dick Rivers, Burt Blanca et Little Benny à Leval-Trahegnies pour un spectacle en plein air. Septembre voit la venue sur le marché du 45 tours « The House Of The Rising Sun » (d'après le tube des Animais) et « Do Ré Mi » (de Earl King en 1961, repris avec succès par Lee Dorsey). C'est ce dernier qui obtient les faveurs des classements, avec une 18e place. Ce rock, sur un rythme twistant, est choisi par Jean-Claude Mennessier comme indicatif de son émission quotidienne Nous Les Décagénaires.
Ces chansons anglaises sortiront un peu plus tard au Brésil (sur Copacabana), en Uruguay (sur Antar) et en Argentine (sur Disc Jockey). Dans ce dernier pays, « Do Ré Mi » se classe 1er. Les Cousins enregistrent également des versions allemande et française de ces deux titres. Pour la France paraît un EP ne contenant que des morceaux en français, « Le Pénitencier » (dans la version de Johnny Hallyday), « Tout Ce Que Tu Veux » (« Anything At Ail »), « Notre Amie Suzie » (« A Girl Named Sue »), aussi au répertoire des Jets, et « Do Ré Mi ». La pochette montre les Cousins au bras de trois jeunes filles, esquissant un pas de danse.
Fin novembre, ils partent pour Hambourg promouvoir leur version en allemand. A la fin de l'année, Palette publie le 30 cm « Live », soi-disant enregistré au club Les Cousins. En fait il s'agit d'un faux disque en public, mais on peut s'y méprendre tant la réalisation est bien faite. La pochette présente diverses poses du quatuor avec un cyclomoteur Honda (publicité oblige). Il comprend douze titres dont certains ont déjà vus le jour auparavant, « Do Ré Mi », « Tell Me When », « Deep In The Valley » (un instrumental), « A Girl Named Sue », « You'd Better Watch Your Baby » (de Jean Huysmans), « New Orléans », « Pep's » (un instrumental d'André Shore et Pol Pécriaux, dans lequel il y va d'un beau solo de batterie), « Little Honda » (des Hondells, pour amplifier la pub pour le cyclo !), « The House Of The Rising Sun », « My Mama's Out Of Town », « Anything At AH » et « Kili Watch » (version revue et modernisée de leur plus grand succès).
Du vendredi 8 au mercredi 13 janvier 1965, ils sont à la une du programme Chouette proposé par Jean-Claude, à l'Ancienne Belgique de Bruxelles. Un spectacle 100 % belge avec Micky Day & Ses Caravelles, l'orchestre de Marcel Mortier, Eddie Defacq, Tonia et Cécile Ford. Dans le référendum du magazine Juke Box de janvier, les Cousins sont élus pour la troisième année en première place des formations belges avec 85,9 % des faveurs des lecteurs. Le jeudi 11 février, le combo anime avec Ariane & Les 10/20 la soirée du cinéma Victory, rue Neuve à Bruxelles, pour la première du film « Salut Les Cousins » (« Kissin' Cousins ») avec Elvis Presley.
GRANDES TOURNÉES 2
Le samedi 20 mars, avec Frank Alamo, Jacky Moulière et Ariane & Les 10/20, ils sont les attractions de la Nuit des Cousins toujours organisée par Jean-Paul Wittemans à la Salle de la Madeleine. En avril le simple « Funny How Love Can Be » (une ballade) et « Wait A Minute » (un rock magistral) offre deux reprises des Ivy League.
Ces morceaux sont repris en français sur un EP où ils sont rebaptisés « Ne Joue Pas La Comédie » et « Reste Avec Moi », couplés à « II Faut Te Battre » (« Rumble In The Night ») et « Si J'Etais Toi » (« You'd Better Watch Your Baby »). Les paroles françaises sont de Frank Gérald. La pose avec les mobylettes est reprise pour ce super 45 tours. En Italie paraissent les versions italiennes de « The House Of The Ri- sing Sun », « La Casa Del Sole », et de « Funny How Love Can Be », « Spiegami Corne Mai ».
En Argentine sort l'adaptation espagnole de « Tell Me When » : « Dime Quando ». Au Canada on trouve chez les disquaires deux simples et un 33 tours, sur la marque Solfège, reprenant des chansons en français. D'autres albums en anglais voient le jour en Uruguay, au Brésil, en Argentine, sous des labels différents mais avec la même pochette, celle du 33 tours « Live ». Les morceaux sélectionnés sont différents d'un pays à l'autre.
Chantant en cinq langues, Guy Dovan est le polyglotte du groupe. En avril les Cousins embarquent pour l'Afrique noire pour une tournée de plus d'un mois organisée par Roger Domani pour l'office Eurafricain de Diffusion Artistique et Culturelle. Avant ce départ, ils se sont rendus le 10 avril à Haarlem (Pays-Bas) pour l'émission télévisée Combo enregistrée au Koncertgebouw et le 13 avril à Paris pour un spectacle au Châtelet. Annoncés par tous les quotidiens, les Cousins arrivent à Léopoldville (capitale de l'ex-Congo Belge) à l'aéroport de Ndjili.
Une première représentation a lieu dans cette ville, le 25 avril, au Théâtre du Zoo. Pas trop rassurés, car le pays est en plein troubles politiques, ils se produisent dans diverses régions, avec des incursions dans les pays voisins, notamment en Angola (Luenda), en République Centrafricaine (Bangui), au Rwanda (Kigali) et en Urundi (futur Burundi, à Bujumbura). Partout où ils jouent c'est la liesse, autant chez les Blancs que chez les Noirs.
A Léopoldville (futur Kinshasa) ils donnent plusieurs concerts pour les militaires et les étudiants de l'université de Louvanium. Ils font aussi une pointe jusqu'au Gabon, au Cameroun et en Côte-d’Ivoire. Néanmoins c'est en République du Congo (futur Zaïre) qu'ils connaissent le plus de succès, des milliers déjeunes viennent les soutenir. Mais tout ne se passe pas sans mal et ils ont quelque mésaventure. Ainsi, à Kaliba, à la demande d'un capitaine congolais, ils jouent dans un campement de mercenaires armés jusqu'aux dents.
Le 13 juin, revenant de Borna pour se rendre à Matadi où ils doivent traverser le fleuve Congo, à leur débarquement du bateau ils sont contrôlés et fouillés par des militaires congolais qui trouvent dans la valise de Jean Huysmans une munition de guerre donnée par un milicien en souvenir. Il est arrêté et conduit dans un poste militaire pour y être questionné. Les trois autres, bouleversés, font appel à un militaire de haut grade dont l'intervention clôt cette affaire.
Comme à Madagascar, Guido Dovan a apporté sa caméra 8 mm couleurs et réalisé de belles prises de vue qui restent des preuves de ces passages et de leur popularité. Dans l'émission Strip Tease, diffusée le 22 avril 1987 et retransmise surTV5, on a pu voir quelques extraits des films de Guy Dovan. Le 30 juin 1965, les Cousins sont les vedettes de l'immense fête de l'Indépendance dans le parc de Bock sous le patronna-ge du Premier ministre M. Tshombe. Sous les flons-flons, ils parviennent à faire oublier pendant quelques heures le brûlant malaise politique qui règne dans la capitale. Tout comme à leur arrivée, une foule de jeunes attend les Cousins à leur départ.