A peine arrivés à Bruxelles, ils doivent déjà refaire leurs valises. En effet, le 9 juillet, ils quittent la Belgique pour s'envoler vers l'Argentine. Cette fois, ils abandonnent l'été pour l'hiver argentin. Les Cousins se rendent dans ce pays à la demande de la firme de disques qui les distribue là-bas.
Au programme, rencontres avec les médias et tournées promotionnelles. Après vingt-deux heures de vol, ils atterrissent à Buenos Aires. Débarquant dans un froid de canard, ils remarquent la présence de centaines de personnes sur la terrasse de l'aéroport. Au fur et à mesure qu'ils approchent, les cris et l'agitation des gens les inquiètent. Ils se demandent si ce n'est pas encore un coup du Pape qui aurait eu la même idée de voyage ! Mais non, c'est bien pour eux que tout ce monde est présent.
Des drapeaux et d'énormes calicots sur lesquels sont inscrits « Bienvenudos los Primos » sont agités et l'assistance scande los Primos, los Primos. A la réception, ils apprennent qu'ils sont très populaires en Argentine, mais sous le nom de Los Primos (les Cousins en espagnol). La chaîne de télévision Canal Cinquo filme leur arrivée en direct. Du jamais vu, seuls sans doute les Beatles ont connu ce genre de réception hystérique.
Tout le long du trajet les menant dans le centre-ville, des gens les acclament. Un cortège se forme pour les accompagner : des cars remplis de gens, des voitures klaxonnant, des camions de pompiers et même cinq avions légers d'un club argentin. A leur arrivée des confettis et serpentins sont jetés des fenêtres pour saluer leur venue, une véritable parade américaine. Ce défilé amène les Cousins jusqu'à un studio de TV où, en entrant, ils sont ovationnés par un public en verve qui entame le refrain de « Do Ré Mi ». Le quatuor, fortement ému, n'oubliera jamais cette réception. Tout cela est retransmis par la télévision. Après une journée de repos, les Cousins entament un planning très chargé : réceptions, galas, cocktails, émissions radio et TV.
Désireuse de lancer un nouveau chocolat, Crico, connu chez nous sous le nom de Crispic, la firme Nestlé les invite à enregistrer une version publicitaire de « Do Ré Mi ». Un disque souple est pressé et remis lors de l'achat d'une tablette de chocolat. Seul Guy Dovan, le chanteur, est mis à contribution pour exécuter cette œuvre. Le 21 juillet, jour de la fête nationale belge, ils sont conviés à une réception à l'ambassade de Belgique. A l'ouverture, l'orchestre entame la « Brabançonne » (hymne national belge) suivi de... « Kili Watch ».
Le groupe signe aussi un contrat d'un mois pour effectuer des concerts dans ce pays en 1966. Pour leur départ, près de trois cents fans les attendent à l'aéroport. La majorité sont des admiratrices. Il faut l'intervention de la police pour dégager les Cousins de ces jeunes qui veulent les empêcher de rentrer en Belgique. Le hall principal de l'aéroport d'Ezeiza connaît quelques dégâts et nos musiciens regagnent le plat pays sans plus aucun bouton à leur veston. Arrivés à Bruxelles le 13 août, ils font une halte de quelques jours avant de repartir pour une tournée d'un mois en Italie.
Après quatre mois de voyage intense, Guy Dovan, André Shore, Jean Huysmans et Pol « Pépé » Pécriaux ont mérité de grandes vacances. Celles-ci permettent à ce dernier de réfléchir. Nostalgique du Congo, pays qui l'a vu naître et où il a vécu, Pol prend la décision, non sans peine, de quitter le groupe et de rejoindre son père qui gère là-bas une société immobilière. Il rejoint ses trois compagnons en studio pour la dernière fois et, fin octobre, paraît le simple « At The Club » (de Gerry Goffin & Carole King) avec en face B « Just Because » (de Guy Dovan sur des paroles de Van Aleda, qui supervise les arrangements).
En fin d'année, ces deux titres sont couplés avec « Action » et « Don't You Want To Love Me Baby » sur un EP belge intitulé « At The Club » dont la pochette présente les Cousins en pleine action via un dessin humoristique. Dans un style très rock-beat, ces quatre chansons n'ont pas le succès escompté. Depuis la mi-1964, Guy Dovan et André Shore ont remplacé leurs guitares artisanales par de très belles Vox. Il reste maintenant aux Cousins à trouver un remplaçant pour Pol Pécriaux.
C'est Garcia Morales (21 ans), fils du chef d'orchestre belge Jeannot Morales, connu dans le milieu musical bruxellois pour avoir été le batteur des Croque-morts et des Babs & Babettes, qui est retenu. C'est un excellent batteur qui a fait des études musicales. En décembre, les nouveaux Cousins enregistrent l'émission TV mensuelle Alphabétiquement Vôtre de la RTB où ils interprètent « Action ». Elle est diffusée le 1er janvier 1966.